Animisme : Clarification et Invitation à la Réflexion
Sep 10, 2024
À une époque où la quête de sens nous pousse souvent vers des pratiques spirituelles étrangères à nos terres, l’animisme se présente comme une invitation à repenser notre place au sein du Vivant. Il nous appelle à renouer avec la sagesse ancestrale inscrite dans nos corps et à restaurer un lien intime avec ce qui nous compose et nous entoure. Loin des clichés d’exotisme ou de modes passagères, l’animisme n’est pas une tendance nouvelle, mais un retour à une expérience fondamentale de relation avec le Vivant.

Une Expérience Intime

L’animisme ne se réduit pas à une simple croyance, comme le perçoit parfois l’Occident. Il est avant tout une expérience vécue, enracinée dans une relation intime avec le monde sensible. Réduire l’animisme à une « croyance » relève d’une approche coloniale et d’une ignorance qui invalide les fondements mêmes de notre humanité et des valeurs relationnelles qui ont façonné nos sociétés. L’animisme est une reconnaissance profonde de l’interdépendance entre l’humain et le non-humain. Comme l’eau enveloppe le poisson, il constitue une réalité tangible et incontestable pour ceux qui vivent en accord avec ces principes. Il ne s’agit pas d’une projection extérieure ni d’un héritage réservé aux peuples premiers, mais d’une mémoire collective universelle. Retrouver cette vision, c’est renouer avec une écoute directe du Vivant et réactiver des capacités sensorielles que nous avons perdues.

Un Retour à la Terre

L’animisme n’est pas quelque chose que l’on peut forcer ou adopter comme une mode spirituelle. Ce n’est pas une quête du sensationnel ou des pratiques new age. Il s’agit d’une invitation à ralentir, à ressentir le monde dans toute sa profondeur, et à réapprendre à écouter. Ce processus n’est pas uniquement pour notre propre guérison, mais pour renouer un dialogue réciproque avec le Vivant. Cela implique de sortir du schéma égocentré où l’humain traite le Vivant comme une ressource exploitable. Si nous n’avions pas été coupés de nos sens, nous n’aurions sans doute jamais entrepris de détruire notre propre habitat à ce point. Retrouver une vision animiste est une démarche qui dépasse le rationnel et qui, paradoxalement, ne s’oppose pas à la science mais la précède. Ce que la science commence à redécouvrir aujourd’hui était déjà intégré dans les savoirs animistes non pas à travers l’observation, mais à travers un vécu direct et un mode relationnel.

Cohésion Inter-espèces et Multi-Dimensionnelle

Les chants et les rituels, bien qu’ils puissent sembler éloignés des préoccupations occidentales, sont essentiels pour établir une cohésion et un équilibre entre les humains et les forces cosmo-telluriques. Ces forces forment une danse constante en nous et autour de nous. Penser que ces forces ne sont que de l’imagination, de la superstition, ou simplement des énergies bienveillantes (le Vivant n’est pas le monde des Bisounours) est symptomatique de notre déconnexion avec le Vivant. Les pratiques ancestrales permettent d’équilibrer nos interactions avec ces forces, et leur (ré)intégration dans nos vies modernes est cruciale pour restaurer un équilibre perdu.

Puiser dans la Sagesse Ancestrales

Il est tentant de se tourner vers des traditions lointaines, mais il est crucial de se souvenir que nos ancêtres vivaient en communion avec leur territoire, écoutant les murmures de la Terre. Ce lien sacré, souvent oublié, est la clé pour retrouver notre place au sein du Vivant. Les langues, les cultures et les traditions sont nées de ces interactions profondes. L’animisme nous invite ainsi à redécouvrir ce lien essentiel et à réinventer des pratiques qui résonnent avec notre réalité contemporaine et les territoires que nous habitons.
Pour ceux qui cherchent à comprendre cette dimension fondamentale de notre existence, mon livre La Sagesse des Ancêtres fête ses un an. Il offre une réflexion accessible sur ces thèmes et sert de guide pour rétablir notre connexion avec la Terre et retrouver les voix de nos ancêtres, à la croisée des mondes. En renouant avec nos racines, nous pouvons non seulement réinventer des pratiques qui nous nourrissent et nous relient, mais aussi nous guider vers un renouveau culturel qui favorise la Vie.